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L'authenticité peut-elle faire appel à l'IA?
- Le 30/04/2025
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Quand l’empathie semble trop parfaite : reconnaître la plume de l’intelligence artificielle
Pourquoi cet article? A l'instant, je lis un texte très émouvant d'un élu politique et... je n'ai pas de doute, l'IA est passée par là. Je dirais même qu'au moins 90% du texte n'a pas été modifié d'un seul mot. Personne ne semble s'en apercevoir, et on remercie chaleureusement cette personne pour ses mots tellement bien trouvés et empathiques.
L’intelligence artificielle ne se contente donc plus d’écrire des notices techniques, elle écrit des voeux de mariage, des discours d'élus,... Et parfois, sans qu’on s’en rendre compte, ces textes circulent comme s’ils étaient l’expression sincère d’une émotion réelle. Il devient alors difficile de distinguer ce qui relève de l’émotion vécue… de l’émotion simulée.
Une IA ne ressent rien, mais elle sait très bien imiter ce que nous appelons l’empathie. A tel point qu'elle pourrait parfois ressembler à un ami toxique, qui n'a pas son propre angle de vue et nous soutient quoi qu'on dise. (anecdote: une connaissance psy a testé l'IA en lui avouant avoir commis des meurtres. Elle a pu compter sur celle-ci pour lui apprendre à gérer son impulsivité... Vous voyez, un soutien sans faille!). Elle apprend à construire un discours émotionnellement fort en s'appuyant sur des modèles d’écriture et des émotions agréables: la triple répétition, la métaphore douce, l'empathie, le soutien, etc. Qui étudie un petit peu le sujet apprend à la reconnaitre.
C’est une performance stylistique. Et le plus troublant, c’est que cette performance émeut! Les lecteurs, sincèrement touchés, attribuent ces mots à la personne qui les signe. Ils y projettent de la sensibilité, de la profondeur... l’illusion fonctionne parfaitement.
Alors, pourquoi cela me dérange? C'est une question de sensibilité à l’authenticité.
Certaines personnes ont une sensibilité particulière à ce qui est vrai. Elles ne cherchent pas des mots parfaits, mais des mots habités. Elles ne sont pas impressionnées par la maîtrise d’un style, mais touchées par la vulnérabilité, les hésitations. Est important ce qui est juste. Ce sont souvent des personnes qui ont elles-mêmes connu le manque de sincérité, ou qui se battent pour vivre dans l’alignement de leurs valeurs. Elles savent ce que ça coûte d’être vrai dans un monde de façade. Et alors, quand l’émotion semble trop bien emballée, elles ressentent un écart. Quelque chose sonne creux sous les ornements. C’est une forme de fidélité au réel.
Cela ne veut pas dire que les émotions qu’il évoque -pour reprendre mon exemple- soient fausses, mais que l’intention, elle, devient floue. Est-ce un cœur qui parle, une machine qui écrit ce que le cœur aimerait dire s’il savait mieux formuler, ou juste un texte copier-coller pour émouvoir/duper?
Tant que nous savons écrire, continuons à le faire, aussi imparfait cela soit-il, à l'image de l'humain.
Anne-France
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Les larmes : entre biologie, émotion et communication.
- Le 29/04/2025
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Les larmes sont souvent perçues comme un simple signe de tristesse, mais elles constituent en réalité un phénomène physiologique et psychologique complexe. Leur production, leur composition et leurs fonctions varient selon le contexte et témoignent d’une interaction étroite entre le corps et l’esprit.
"Excusez-moi", voilà ce que me disent de nombreux patients lorsqu'ils versent une larme. Ou encore "je n'aime pas pleurer, je me sens faible...". Souvent, je leur explique que c'est normal, que leur cerveau met alors en place ce qu'il faut pour aller mieux... Y a rien de plus naturel que d'exprimer une émotion. En effet, « retenir ses émotions peut être mauvais pour la santé. Les études ont démontré que retenir ses émotions était associé à un système immunitaire moins efficace, à davantage de problèmes de santé cardiovasculaire, à de l’hypertension et des troubles mentaux comme le stress, l’anxiété ou la dépression » (Leo Newhouse).
On distingue généralement 3 types de larmes :
- Les larmes basales : elles sont produites en continu par les glandes lacrymales, elles assurent l’hydratation et la protection de la cornée. Elles permettent une vision claire et préviennent les infections grâce à leur composition antimicrobienne.
- Les larmes réflexes: elles sont déclenchées par des irritants externes (fumée, oignon, poussière), elles ont pour fonction de protéger l’œil en évacuant les substances nocives.
- Les larmes émotionnelles: elles sont générées par une activation du système limbique, elles apparaissent en réponse à des émotions intenses (tristesse, joie, frustration, empathie, ...). Elles sont uniques d’un point de vue compositionnel et fonctionnel.
Composition biochimique des larmes.
Les larmes sont une solution complexe contenant :
- Eau (98 %)
- Électrolytes (sodium, potassium, chlorure)
- Protéines (lysozyme, lactoferrine, lipocaline, immunoglobulines)
- Lipides (issus des glandes de Meibomius)
- Glucides
- Mucines (favorisant l’adhésion du film lacrymal à la surface de l’œil)
- Hormones et neuropeptides (notamment dans les larmes émotionnelles, comme l’ACTH, l’endorphine ou la prolactine)
Frey et al. (1985) ont montré que les larmes émotionnelles contiennent plus de protéines et de composés liés au stress que les larmes réflexes. Cette composition unique suggère une fonction de décharge biologique de certaines molécules liées au stress.
Fonctions physiologiques et psychologiques
- La protection et la lubrification: les larmes basales forment un film lacrymal essentiel à la santé oculaire. Ce film se compose de trois couches : lipidique, aqueuse et mucinique.
- L'élimination des toxines: les larmes émotionnelles aideraient à éliminer des substances accumulées lors d’un stress émotionnel intense. Cela a été proposé comme une "soupape" biologique.
- La communication sociale: les larmes ont une fonction de signal, elles favorisent l’empathie et la coopération. D'ailleurs, les études de Hendriks et al. (2008) montrent que les personnes qui pleurent sont perçues comme plus sincères et dignes de soutien. Gračanin et al. (2014), eux, ont démontré que voir quelqu’un pleurer active des zones du cerveau associées à l’empathie (insula, cortex cingulaire antérieur).
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La régulation émotionnelle: le fait de pleurer aurait un effet cathartique. Cependant, les bénéfices émotionnels dépendent du contexte (soutien social, nature de l’émotion, etc.). Une méta-analyse de Rottenberg et al. (2008) indique que dans 70 % des cas, les personnes rapportent un soulagement après avoir pleuré (mais ce chiffre chute si elles ne reçoivent pas de soutien).
Contrôle neurologique:
La production des larmes est régulée par le système nerveux autonome :
- le système parasympathique : il stimule la production lacrymale.
- le système sympathique : il intervient dans les réponses au stress et module aussi la composition des larmes.
- le noyau lacrymal situé dans le tronc cérébral joue un rôle clé, notamment en recevant des signaux du système limbique (amygdale, hypothalamus) lors de pleurs émotionnels.
D’un point de vue évolutif, plusieurs théories ont été proposées :
- la théorie de la vulnérabilité : en effet, pleurer renforcerait les liens en signalant un besoin d’aide sans agressivité.
- la théorie de l'attachement : les pleurs du nourrisson provoquent une réponse parentale immédiate, facilitant la survie.
- la théorie de régulation : le fait de pleurer aiderait à restaurer un équilibre physiologique et social.
Les expériences sur les humains ne sont pas nombreuses. Des études ont été faites sur des bébés mammifères, retirés de leur maman . Ils produisaient des vocalisations de détresse: une composante vocale qui s’apparente à celle que les humains émettent lorsqu’ils pleurent. Cette composante vocale qui se fait plus discrète en vieillissant, contrairement aux nourrissons.
En résumé, non ce n'est pas être faible de pleurer...
Anne-France Dinant
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La procrastination
- Le 28/04/2025
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La soif de parfait peut avoir des effets pervers : l'incapacité à entreprendre.
En effet, ne rien faire permet d’éviter la douloureuse comparaison entre ce que l’on espérait et ce que l’on réalise.
La peur génère une angoisse qui peut aller jusqu’à la paralysie. Confrontées à une tâche importante, les personnes qui en souffrent ont tendance à, soit se mettre au travail de manière frénétique, soit procrastiner. Cela correspond plus à un processus d’évitement et de protection qu’à une volonté d’échouer ou de la paresse. Pour ne pas à avoir à affronter la tâche, elle est remise à plus tard, voire à jamais. Aussi, si la personne s’y prend à la dernière minute et qu’elle échoue, elle pourra attribuer le résultat négatif au fait qu’elle ait manqué de temps.
Cette tendance à éviter les situations lorsqu’on a l’impression d'être jugé se retrouve chez le phobique social. Ce dernier adopte une attitude perfectionniste dans sa recherche de l'approbation des autres. Il perçoit que ses exigences élevées ont été fixées par les autres, bien qu'il soit généralement beaucoup moins exigeant envers les autres qu'envers lui-même. Ainsi, il possède la croyance : «je dois être parfait sinon les autres ne m'aimeront pas ». D'autres individus perfectionnistes sans phobie sociale sont conscients qu'ils se fixent eux-mêmes ces exigences trop élevées et possèdent, eux, la croyance : «je dois être parfait, sinon je ne m'aimerai/me respecterai pas ».
Dans l’immédiat, ce que nous avons tendance à regretter, ce sont surtout les choses que nous avons faites (lorsqu’elles ont échoué, bien sûr). Mais sur le long terme, ce sont plutôt les choses que nous n’avons pas faites, nos intentions qui n’ont pas été réalisées.
Le procrastinateur vit avec ce cercle vicieux :
Je ne fais rien --> Pas de réussite, mais pas d'échec non plus --> Je ne prends pas confiance en moi grâce à mes réussites --> Ma peur de l'échec augmente --> Je ne fais rien ...
En voici un qui donnerait de meilleurs résultats :
J'ose faire --> Si je rate je recommencerai --> Si je réussis, je prends davantage confiance en moi --> Ma confiance en ma réussite augmente --> J'ose faire ...
La prise de risque augmente la confiance en soi.
Les recherches sur la procrastination montrent que ce n’est pas un problème de gestion du temps au départ : c’est un problème de gestion des émotions.
On procrastine parce qu’une tâche nous fait ressentir quelque chose de désagréable (stress, peur de l’échec, ennui, impression d’être submergé, etc.).
Alors notre cerveau nous pousse à éviter cette tâche pour soulager notre malaise à court terme.Ce qui peut vous aider:
1. Travailler sur la régulation émotionnelle
- Accepter l'inconfort : reconnaître que commencer une tâche désagréable est normal, sans attendre de "se sentir motivé".
- Auto-compassion : être gentil avec soi-même quand on procrastine au lieu de se culpabiliser (ce qui empirerait encore plus l’évitement).
- Piers Steel (« The Procrastination Equation ») insiste beaucoup sur la peur de l’échec et l’autocritique.
2. Utiliser des stratégies comportementales
- La technique des "petits pas" : se fixer un tout petit objectif (par ex. : « ouvrir le document », pas « finir le rapport »).
- La règle des 2 minutes : si une action prend moins de 2 minutes, fais-la tout de suite.
- Structurer des routines : automatiser certains débuts de journée pour "bypasser" la décision consciente (réduire le temps où le cerveau réfléchit s'il va agir ou non).
3. Modifier son environnement
- Supprimer les distractions : smartphone loin, bureau épuré...
- Créer un engagement externe : se donner un délai avec quelqu'un d’autre (rendez-vous, collègue, coach).
4. Travailler sur la perception de la tâche
- Redonner du sens : se reconnecter à pourquoi cette tâche est importante pour soi.
- Reformuler la tâche : se dire "je choisis de..." au lieu de "je dois..." (ça change la dynamique intérieure).
La procrastination se soigne donc moins par la discipline brutale que par la bienveillance envers soi-même (comme souvent! :)), la gestion des émotions et des micro-actions concrètes.
Quelle est la plus petite chose que je puisse faire, là maintenant ?
Anne-France Dinant
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La cohérence cardiaque
- Le 27/04/2025
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Une approche psychophysiologique pour la gestion du stress et l'amélioration de la santé mentale
La cohérence cardiaque est un état physiologique spécifique dans lequel le rythme cardiaque présente une variabilité régulière et harmonieuse. Cet état, induit principalement par des techniques de respiration contrôlée, est associé à des effets bénéfiques sur la santé mentale, émotionnelle et physique. Depuis les années 1990, notamment grâce aux travaux de l'Institut HeartMath (McCraty et al., 1995), la cohérence cardiaque est devenue un sujet d’étude majeur dans les domaines de la psychologie, de la médecine et des neurosciences.
La variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) représente les fluctuations naturelles de l'intervalle entre deux battements cardiaques. Une VFC élevée est généralement corrélée à une bonne flexibilité physiologique et psychologique (Thayer & Lane, 2000). En cohérence cardiaque, la VFC devient particulièrement régulière et suit une courbe sinusoïdale.
Le système nerveux autonome (SNA), comprenant le système sympathique (réponse au stress) et le parasympathique (réponse de relaxation), régule cette variabilité. La pratique de la cohérence cardiaque stimule particulièrement le nerf vague, renforçant ainsi l'axe parasympathique (Laborde, Mosley & Thayer, 2017).
La cohérence cardiaque agit principalement à travers trois mécanismes :
- Stimulation vagale : l'augmentation du tonus parasympathique réduit la production d’hormones du stress (cortisol) et favorise la production de neurotransmetteurs de bien-être (acétylcholine, sérotonine).
- Synchronisation cœur-cerveau : une variabilité cardiaque harmonieuse améliore l'interaction entre les centres émotionnels du cerveau (amygdale, cortex préfrontal) et le cœur, facilitant la régulation émotionnelle (McCraty et al., 2009).
- Réduction de l'inflammation : des études récentes montrent que la stimulation vagale contribue à limiter la production de cytokines pro-inflammatoires (Tracey, 2002).
Une pratique régulière de cohérence cardiaque réduit significativement l'anxiété, la dépression, et améliore la clarté mentale (McCraty et al., 1995) ainsi que la récupération émotionnelle.
Elle permet également de réduire les symptômes de stress post-traumatique (Henriques et al., 2011). Lehrer et al. (2003) ont réalisé une méta-analyse démontrant que les interventions basées sur la régulation de la VFC sont efficaces pour traiter l’hypertension, l’asthme, les troubles anxieux et la dépression. Cinq minutes de cohérence cardiaque trois fois par jour suffisent pour obtenir des bénéfices physiologiques durables (Shaffer & Venner, 2013)
Elle est utilisée en préparation mentale chez les sportifs de haut niveau pour optimiser la performance (Paul et Garg, 2012), dans les douleurs chroniques : en agissant sur la composante émotionnelle de la douleur, la cohérence cardiaque constitue un complément thérapeutique intéressant (Kemp et al., 2010). Et enfin dans le domaine qui nous intéresse plus spécifiquement : la gestion du stress et de l'anxiété
Protocole pratique: la pratique classique repose sur le modèle "3-6-5" :
- 3 fois par jour
- 6 respirations par minute (inspiration 5s, expiration 5s)
- pendant 5 minutes
Il existe des applications ("Respirelax+") ou des visuels pour accompagner cette pratique.
Cette méthode est donc simple, validée scientifiquement et elle offre des bénéfices psychophysiologiques importants. Facilement intégrable dans la vie quotidienne, elle constitue un levier efficace pour promouvoir la santé mentale, émotionnelle et physique.
Afin que vous puissiez comparer, voici une courbe sans gestion du stress par la respiration :
Vous prendrez bien 5 minutes pour tester ? :)
Anne-France
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La thérapie de couple
- Le 27/04/2025
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Le couple : une aventure à deux
La vie de couple peut être source d’épanouissement, de soutien et de croissance. Mais elle est aussi traversée de tensions et de souffrances, parfois profondes.
On pense souvent que les difficultés conjugales sont dues à un manque d’amour. En réalité, ce sont surtout les interactions répétitives, les malentendus et les attentes non exprimées qui pèsent lourd dans la balance. Nous réagissons à l’autre en fonction de nos blessures et de notre histoire… et parfois, même sans le vouloir, nous entretenons des cercles vicieux : critiques, silences, défenses, distance. Être deux, ce n’est donc pas seulement « s’aimer », c’est aussi apprendre à communiquer, à traverser les conflits, à gérer le stress, à concilier deux mondes intérieurs souvent très différents. En effet, parfois, malgré de bonnes intentions, les échanges deviennent blessants, les besoins restent insatisfaits, les émotions douloureuses s'accumulent.
C’est dans ce cadre que la TCCE (thérapie comportementale, cognitive et émotionnelle) offre des outils concrets et bienveillants pour aider les couples à retrouver une vie plus paisible, dans le respect et la compréhension. Elle s’intéresse précisément à ces dynamiques interactionnelles : elle cherche à identifier les cercles vicieux dans lesquels les partenaires s’enferment malgré eux. Elle considère que les pensées, les comportements, les émotions et les expériences passées influencent la relation dans l’ici et maintenant.
Quelques points de travail :
Améliorer la communication
Une part essentielle du travail consiste à réapprendre à se parler, et à s’écouter! Cela implique d’apprendre à exprimer ses besoins sans accuser, à entendre les reproches sans se défendre automatiquement, à nommer ses émotions de façon claire. Des techniques comme l’écoute active, les reformulations, ou l'utilisation du « je » au lieu du « tu » permettent de désamorcer les conflits et d’éviter l’escalade.Sortir des cercles vicieux comportementaux
Quand les tensions s’installent, chacun peut se retrouver piégé dans des réactions automatiques : silence, critiques, fuites, rigidité. Ces comportements sont parfois des tentatives de protection… mais ils peuvent entretenir la souffrance. La thérapie aide à prendre conscience de ces schémas, à comprendre leur origine, et à expérimenter de nouveaux comportements plus efficaces et plus respectueux. Elle permet aussi de comprendre qu'il n'y a pas un coupable, mais plutôt une dynamique qui se joue à deux et qui s'entretient sans le vouloir.Travailler sur les pensées dysfonctionnelles
Chacun porte en soi des croyances (souvent inconscientes) sur l’amour, le couple, soi-même et l’autre : « Si tu m’aimais, tu devinerais ce que je ressens », « Je ne suis pas assez bien pour toi », « Tu ne changeras jamais »… Ces pensées peuvent influencer la perception de l’autre et nourrir des émotions intenses comme la colère, la honte ou le désespoir. En thérapie, on apprend à identifier ces pensées, à les questionner et à développer des manières plus souples et constructives de penser la relation.Accueillir les émotions et renforcer la sécurité affective
La thérapie permet d’explorer les besoins affectifs profonds de chaque partenaire : besoin de reconnaissance, de sécurité, de validation, etc. Lorsque ces besoins ne sont pas entendus, cela peut générer des réactions défensives. Restaurer la sécurité émotionnelle, c’est oser être vulnérable, se sentir écouté et accueilli tel que l’on est, et apprendre à répondre avec bienveillance à la détresse de l’autre. La dimension émotionnelle est une part importante.Construire des rituels et renforcer les moments positifs
Au-delà de la gestion des conflits, il est important d' encourager les couples à cultiver les moments de complicité et de partage. Cela peut passer par de simples attentions quotidiennes, des temps de qualité, des projets communs, ou encore des rituels spécifiques qui nourrissent la relation.Quand consulter un thérapeute de couple ?
Il n’est jamais trop tôt pour consulter. La thérapie de couple n’est pas réservée aux situations de crise extrême: une thérapie entreprise quand l'un des partenaires n'a plus de patience ni d'espoir, au point d'en perdre l'envie, est plus difficile à mettre en place.Anne-France
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Les mythes du couple
- Le 25/04/2025
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Quand nos idées reçues nous éloignent du bonheur à deux.
Ces phrases, on les entend (et parfois, on les pense) sans même s’en rendre compte. Pourtant, elles sont souvent sources de culpabilité, de frustrations et de malentendus dans la vie à deux.
Dans cet article, je vous propose de déconstruire quelques mythes tenaces sur le couple… pour mieux en prendre soin.
Mythe n°1 : "Quand on s’aime, tout est facile"
Ce qu'on croit: l'amour rend tout fluide, évident, sans effort.
Ce qu’on oublie : l’amour, c’est une base. Mais une relation durable, c’est aussi un apprentissage, une co-construction. Comme une plante, elle a besoin d’eau, de lumière… et d’attention.
==> À retenir : même dans les couples solides, il y a des désaccords, des ajustements et des moments difficiles. Ce n’est pas un signe d’échec, mais un passage normal.
Mythe n°2 : "Les bons couples ne se disputent jamais"
Ce qu’on croit : le conflit est le signe d’un couple fragile.
Ce qu’on oublie : ce qui compte, ce n’est pas l’absence de conflit, mais la manière de le gérer. Ils peuvent être une chance de mieux se comprendre, s'ils sont gérés dans le respect de chacun.==> À retenir : il vaut mieux un désaccord exprimé qu’un silence lourd. Apprendre à se disputer “proprement”, c’est une compétence relationnelle précieuse.
Mythe n°3 : "Si je dois lui demander, c’est que ça ne vient pas du cœur"
Ce qu’on croit : l’autre devrait deviner mes besoins, mes envies, mes émotions.
Ce qu’on oublie : personne n’est devin. Exprimer clairement ses besoins, c’est un acte de maturité relationnelle.==> À retenir : l’amour ne se mesure pas à l’intuition magique, mais à la capacité à écouter et à répondre aux besoins exprimés.
Mythe n°4 : "Un couple solide, c’est fusionnel"
Ce qu’on croit : faire tout ensemble, penser pareil, tout partager, c’est ça l’idéal.
Ce qu’on oublie : une bonne relation repose aussi sur l’autonomie, l’individualité, le respect des différences. Il y a parfois une phase fusionnelle dans les débuts du couple, le fait que cela change avec le temps est tout à fait normal et non un signe de perte d'amour ou d'intérêt.==> À retenir : être deux, c’est aussi rester un. Cultiver son espace personnel nourrit le lien.
Mythe n°5 : "Un enfant, ça rapproche les couples"
Ce qu’on croit : avoir un enfant renforce l’amour.
Ce qu’on oublie : c’est souvent un tsunami émotionnel et logistique. Fatigue, nouvelles responsabilités, moins de temps à deux… Tout cela demande un réel ajustement.==> À retenir : l’arrivée d’un enfant rend encore plus essentiel de prendre soin du couple, pas seulement de la famille.
Mythe n°6 : "Changer, c’est trahir qui on est"
Ce qu’on croit : si je fais un effort, je perds mon authenticité.
Ce qu’on oublie : dans un couple, on ne change pas pour se trahir, mais pour évoluer ensemble. Ajuster certaines attitudes ou façons de communiquer, ce n’est pas se renier, c’est faire preuve d’amour et d’intelligence relationnelle.==> À retenir : changer, ce n’est pas se soumettre : c’est grandir ensemble.
Mythe n°7 : "Si on est compatibles, ça devrait durer toujours"
Ce qu’on croit : les bons couples sont faits pour durer, sans crises.
Ce qu’on oublie : une relation se traverse par des cycles, des hauts et des bas, des réinventions. La compatibilité n’est pas un état figé, c’est une dynamique vivante à nourrir.==> À retenir : le couple, ce n’est pas trouver la bonne personne, mais construire le bon lien.
Je pense qu'on pourrait en trouver bien d 'autres. Beaucoup de souffrances conjugales viennent non pas d’un manque d’amour, mais de croyances irréalistes qui nous empêchent de vivre la relation avec souplesse, tolérance et conscience.
Déconstruire ces mythes, c’est se donner la liberté :
- d’être un couple imparfait, mais sincère,
- de traverser les difficultés sans s’y perdre,
- de cultiver un lien vivant, vrai et évolutif.
Anne-France
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Le microchimérisme
- Le 25/04/2025
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La transmission cellulaire fœto-maternelle
Le microchimérisme se définit comme la présence, à très faible abondance (généralement < 1 %), de cellules génétiquement distinctes de l’hôte.
Le terme a été popularisé dans les années 1990 grâce aux travaux de Diana Bianchi, Khosrotehrani, Nelson et leurs collaborateurs.
Les découvertes clés concernent :
- la longévité des cellules fœtales chez la mère (jusqu’à plus de 50 ans après la grossesse)
- leur pluripotence potentielle
- leur rôle ambivalent en pathologie auto-immune, cancérologie et régénération.
Le microchimérisme fœto-maternel : des cellules fœtales (notamment CD34+, trophoblastiques ou mésenchymateuses) traversent la barrière placentaire dès la 5e semaine de gestation. Elles migrent vers des organes maternels, y compris le cerveau, les reins, le cœur, la thyroïde et les poumons.
Le microchimérisme materno-fœtal : moins étudié mais bien documenté, des cellules maternelles colonisent le fœtus et ont été retrouvées dans des tissus immunitaires, la peau, le foie, voire le cerveau du fœtus.
Ce phénomène permettrait la régénération tissulaire : les cellules fœtales auraient un rôle réparateur, notamment via des propriétés proches de cellules souches mésenchymateuses.
Il est cependant suspecté dans plusieurs maladies auto-immunes. En effet, certaines (comme la sclérodermie ou le lupus) sont plus fréquentes chez les femmes ayant eu des enfants. Le rôle du microchimérisme dans ces pathologies est débattu. Les cellules étrangères pourraient être perçues comme des intrus, déclenchant des réactions immunitaires.
Concernant les cancers, les données sont également contrastées : certaines études suggèrent que le microchimérisme fœtal diminue l'incidence de certains cancers du sein ou de l'utérus, et d'autres évoquent des risques accrus liés à une inflammation chronique.
On voit donc que la mère n’est plus seulement psychologiquement "habitée" par l’enfant, elle l’est aussi physiquement au niveau cellulaire. Cela nourrit l'idée d'une inscription corporelle durable de la relation mère-enfant, susceptible de renforcer le lien d'attachement.
Anne-France
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Le Holding
- Le 17/04/2025
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Ce concept a été introduit par Donald Winnicott, un pédiatre, psychiatre et psychanalyste britannique, dans les années 1950. C’est l’une des notions fondamentales de sa théorie de l'attachement et du développement psychique de l'enfant. Le holding désigne le processus par lequel un parent, ou plus généralement un soignant ou un thérapeute, offre un cadre de sécurité et de soutien affectif permettant à l'enfant ou à l'adulte de se développer harmonieusement et de s'auto-réguler émotionnellement. Le terme "holding" (tenir, soutenir) chez Winnicott renvoie initialement à l'idée d'un "holding physique", un soutien matériel, à savoir un parent qui prend dans ses bras son bébé, le porte, le soutient physiquement et affectivement. Cependant, dans le cadre de la théorie psychanalytique de Winnicott, ce soutien physique va au-delà du simple acte de porter : il devient une métaphore de l'accompagnement psychique.
Selon Winnicott, l'enfant a besoin de soutien émotionnel au-delà du stade de la dépendance physique. Ce soutien psychique consiste à offrir un cadre sécurisant et prévisible, où l'enfant peut expérimenter des émotions sans crainte de leur déstabilisation. Le rôle de la figure de soin, en tant que "holding psychique", est donc de protéger l'enfant des angoisses existentielles et de lui permettre de se constituer en tant que sujet. Le holding psychique devient ainsi une fonction régulatrice, une forme de contenance affective et cognitive qui soutient la structuration du soi. Cette notion va donc au-delà du simple fait d'offrir un "espace de sécurité" ; elle désigne aussi une interaction dynamique où l'enfant est maintenu dans un état d'existence vivable, même dans des moments de grande anxiété. C’est dans cet espace protégé qu’il peut explorer les premiers éléments de sa réalité interne, affronter les premières angoisses existentielles et expérimenter les limites et les frontières psychiques.
En psychothérapie, ce concept est appliqué comme une forme de soutien émotionnel permettant au patient de se sentir sécurisé dans la relation thérapeutique, et donc capable d'explorer ses propres conflits intérieurs. Le holding se joue entre le psychologue et le patient, de manière subtile, tout au long de la thérapie. Le thérapeute, en incarnant cette fonction de holding psychique, crée un espace où le patient peut se sentir sécurisé pour exprimer ses pensées, ses émotions, et ses angoisses sans crainte du jugement. Ce concept s'inscrit donc dans une forme d'alliance thérapeutique qui permet au patient de se sentir accueilli dans ses plus grandes vulnérabilités.
Les recherches contemporaines en psychothérapie infantile et adulte ont montré que la capacité du thérapeute à offrir un holding psychique est fondamentale dans le traitement des troubles de l'attachement et des troubles de la personnalité. Une étude menée par Fonagy et Target (2007) a révélé que les patients ayant vécu des traumatismes infantiles ou des perturbations précoces de l'attachement bénéficient d'une thérapie qui réactive cette fonction de holding. En effet, la recherche contemporaine a mis en évidence le rôle de l'attachement et du soutien psychique dans la régulation émotionnelle et dans la formation des modèles internes opérants chez les patients. Les thérapeutes, en tant que figures de holding, sont essentiels pour restaurer un environnement affectif réparateur et aider les patients à développer une capacité de mentalisation.
Cette forme de contenance a également un rôle dans le développement de la résilience psychologique. En effet, des études récentes en psychologie du développement ont montré que les individus ayant bénéficié d’un environnement d'attachement sécurisé, où ils ont reçu un soutien constant, sont mieux préparés à faire face au stress et à la souffrance. Cette résilience n'est pas innée, mais elle se développe au fil des interactions avec des figures de soutien fiable. Masten (2001) et d'autres auteurs soulignent que l'un des éléments clés du développement résilient est le fait d’avoir accès à des ressources affectives et sociales solides. Le holding psychique dans ce cadre permet non seulement de traiter des traumatismes passés mais aussi d’amener les patients à découvrir leur propre capacité à se reconstruire.
Anne-France
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L'anxiété
- Le 17/04/2025
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Cet article explore très brièvement les mécanismes neurobiologiques de l’anxiété, ses effets sur le cerveau, et les pistes thérapeutiques pour mieux la gérer.
Apprivoiser l’anxiété
L’anxiété est l’une des raisons les plus fréquentes de consultation aujourd’hui. Elle touche des personnes de tous âges. C’est un processus complexe, bien enraciné. Et bonne nouvelle : on peut apprendre à l’apprivoiser.
Quand l’alerte se déclenche trop souvent
L’anxiété est avant tout une réaction du système nerveux. C’est un signal d’alerte qui nous prépare à faire face à un danger. Mais quand cette alerte se déclenche trop souvent, ou dans des contextes qui ne présentent pas de menace réelle, elle devient envahissante.
Sur le plan biologique, cela implique notamment :
- l’amygdale cérébrale, qui s’active comme une alarme de fumée (parfois hypersensible). L'amygdale joue un rôle central dans la gestion des émotions, en particulier la peur. Elle est responsable de l'identification rapide des menaces et de l'activation des réponses émotionnelles. Lorsque nous percevons un danger, elle déclenche une réaction physiologique de peur, souvent avant même que nous ayons le temps de réfléchir. Dans le cas de l'anxiété, elle peut devenir hypersensible, réagissant de manière disproportionnée à des stimuli non menaçants.
- le cortex préfrontal, qui tente de réguler cette alarme (mais peut être débordé). Il est impliqué dans la régulation émotionnelle et la prise de décision. Il aide à évaluer les menaces et à déterminer si elles nécessitent une réponse immédiate ou une gestion plus mesurée. En cas de stress chronique ou d'anxiété, le cortex préfrontal peut être moins actif, ce qui réduit la capacité de gestion des émotions et augmente la vulnérabilité à des réactions anxieuses excessives.
- l'hippocampe, quant à lui, est impliqué dans la mémoire et l'apprentissage. Il joue un rôle crucial dans l'évaluation des expériences passées et dans l'atténuation des réponses émotionnelles en fonction des souvenirs. Un dysfonctionnement de l'hippocampe peut empêcher une régulation émotionnelle adéquate et amplifier la réponse anxieuse.
- le système nerveux autonome, qui prépare le corps à l’action (accélération du rythme cardiaque, respiration courte, tension musculaire, digestion ralentie, etc.).
Les personnes anxieuses vivent donc des symptômes physiques : gorge serrée, douleurs, palpitations, sueurs, vertiges, troubles digestifs,... Et cela sans qu’un danger immédiat ne soit visible. L’anxiété, c’est un corps qui crie que quelque chose ne va pas, même si on ne sait pas toujours quoi.
Le cercle vicieux de l’évitement
Quand on est anxieux, il est fréquent d’éviter certaines situations ou pensées qui réveillent cette alerte interne : parler en public, conduire, prendre l’avion, être seul·e, faire des choix… À court terme, cela apaise. Mais à long terme, l’évitement empêche le système de désapprendre sa peur. Chaque fois qu’on évite, on envoie ce message à notre cerveau : “Tu avais raison, c’était dangereux.” C’est ainsi que se construit un cercle vicieux, dans lequel l’anxiété grandit au fil du temps, prenant de plus en plus de place dans la vie quotidienne.
En résumé, l’anxiété est un phénomène complexe qui repose sur des déséquilibres neurobiologiques, notamment une hyperactivité de l’amygdale, une régulation inefficace du cortex préfrontal et des anomalies dans les neurotransmetteurs. Bien que l’anxiété chronique puisse modifier le cerveau, des interventions adaptées permettent de rétablir un équilibre. Thérapie, méditation, activité physique et alimentation jouent un rôle clé dans la régulation de l’anxiété, et des traitements pharmacologiques peuvent être nécessaires dans certains cas. Bonne nouvelle : grâce à la plasticité cérébrale, le cerveau peut toujours se réajuster et retrouver un fonctionnement plus serein !
Anne-France Dinant
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Quelques études sur l'anxiété
- Le 17/04/2025
- Dans Articles
Quelques études intéressantes qui font suite à l'article sur l'anxiété.
Hölzel et al. (2011)
Etude intitulée "Mindfulness practice leads to structural changes in the brain" montrant qu’une pratique de méditation de 8 semaines augmente la densité de matière grise dans l’hippocampe (lié à la mémoire et à la régulation émotionnelle) et diminue celle de l’amygdale (centre de l’anxiété). → Cela prouve neuroanatomiquement les effets de la pleine conscience sur l’anxiété.
Etkin et al. (2009)
Etude intitulée "Disrupted functional connectivity of the amygdala in generalized anxiety disorder" qui montre que chez les personnes avec trouble anxieux généralisé (TAG), l’amygdale est déconnectée du cortex préfrontal, empêchant une régulation émotionnelle efficace. → Cela met en évidence un “court-circuit” émotionnel propre à l’anxiété.
Hettema, Neale & Kendler (2001)
L'étude intitulée "A review of the genetic epidemiology of anxiety disorders" montre qu'une composante génétique est bien présente (30-50 % selon le trouble), mais l’environnement joue un rôle majeur. → L’anxiété est une interaction entre vulnérabilités innées et expériences de vie.
McEwen (2004)
L'étude intitulée "Protective and damaging effects of stress mediators: Allostasis and allostatic load" prouve que l’exposition chronique au stress modifie durablement le corps : fatigue, inflammation, dérèglement du sommeil, etc. → L’anxiété chronique n’est pas "psychologique" : elle laisse une trace physique mesurable.
Hofmann, Asnaani et al. (2012)
"The Efficacy of Cognitive Behavioral Therapy: A Review of Meta-analyses" est une synthèse de dizaines d'études qui montrent que la TCC est très efficace pour l’anxiété, avec des effets durables dans le temps.
Norcross & Wampold (2011)
L'étude "Evidence-based therapy relationships" montre que la qualité de la relation thérapeutique est aussi, voire plus, prédictive du succès que la technique elle-même.
Porges (2011)
La "Polyvagal Theory" explique l’importance du nerf vague dans la régulation du stress. La sécurité perçue active la branche ventrale (calme, engagement social). → Cohérence cardiaque, respiration lente, voix douce, contact œil à œil = apaisement du système autonome.
Dinan & Cryan (2017)
Dans leur recherche intitulée " The Microbiome-Gut-Brain Axis: From Psychopathology to Therapy", les auteurs montrent que le microbiote influence la production de neurotransmetteurs (sérotonine, GABA…). Des déséquilibres intestinaux sont associés à l’anxiété. → La santé intestinale joue un rôle majeur dans la régulation émotionnelle.
Sarkar et al. (2016)
L'étude "The role of the microbiome in the neurobiology of social behaviour" montre comment certaines bactéries peuvent moduler l’anxiété sociale chez l’animal et l’humain.
→ Les probiotiques pourraient aider certains patients.Wittmann et al. (2010)
L'étude "The inner experience of time: A key to understanding time perception disorders in anxiety and depression" démontre que l’anxiété perturbe la perception du temps : sentiment d’urgence, anticipation constante du pire. → Une intervention sur la temporalité peut être thérapeutique (ex. ralentir, pleine conscience).
Walker et al. (2009)
L'étude "Sleep and emotion regulation" démontre qu'un manque de sommeil accentue les réactions émotionnelles, en particulier anxieuses. → Rétablir un bon sommeil est souvent un levier fondamental en thérapie.
etc :)
Anne-France Dinant
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La parentalité proximale
- Le 04/04/2025
- Dans Articles
La parentalité est un domaine riche et complexe, et chaque parent aspire à élever ses enfants dans un environnement qui favorise leur développement émotionnel et psychologique. La parentalité proximale s'affirme comme un modèle qui place la relation et la proximité affective au cœur de la dynamique parent-enfant, elle repose sur des principes de respect, de compréhension et de bienveillance, visant à répondre aux besoins fondamentaux de l'enfant dans un cadre de confiance mutuelle.
Ce concept a été popularisé dans les années 1990 par le pédiatre et psychologue William Sears, qui a mis en lumière l'importance des liens physiques et émotionnels entre les parents et l'enfant. Contrairement aux approches plus traditionnelles qui peuvent être centrées sur le contrôle ou la discipline, la parentalité proximale est une approche holistique de l'enfant, ancrée dans une relation d'attachement sécurisée. Le Dr Sears a d'ailleurs eu des enfants qu'il caractérise de "BABI - bébés à besoins intenses" (dont il est à l'origine du terme) et a pu constater les bienfaits de ce type d'éducation sur eux.
L'attachement sécurisé se caractérise par une connexion émotionnelle forte et fiable entre le parent et l'enfant. Lorsque les besoins fondamentaux de l'enfant (affectifs, physiques et psychologiques) sont satisfaits de manière cohérente, cela lui permet de se développer dans un environnement de confiance, tout en apprenant progressivement à explorer le monde avec un sentiment de sécurité intérieure. Tout cela a des répercussions durables sur la santé mentale de l’enfant à long terme. En effet, un enfant qui se sent aimé et soutenu est plus susceptible de développer une estime de soi positive, de meilleures compétences sociales et émotionnelles, et une résilience face aux défis de la vie.
L'un des principes-clés de la parentalité proximale réside donc dans la capacité des parents à répondre de manière active et réactive aux besoins de l’enfant, qu'ils soient physiques, émotionnels ou psychologiques. Contrairement aux approches éducatives plus autoritaires, où la réponse des parents peut être plus distante ou stricte, la parentalité proximale valorise la réactivité parentale, c’est-à-dire la capacité à écouter et répondre rapidement aux signaux de l’enfant. Cela inclut des gestes tels que l’allaitement à la demande, le co-dodo, le portage ou le fait de répondre rapidement aux pleurs de l'enfant. Cette réactivité favorise un développement émotionnel stable, car l'enfant apprend que ses besoins sont pris au sérieux et qu'il peut compter sur son parent pour le soutenir dans ses moments de vulnérabilité. Cela ne veut pas dire céder systématiquement à tous les désirs de l'enfant, mais plutôt reconnaître et valider ses émotions et ses besoins, dans un cadre de bienveillance et de respect.
Un autre aspect fondamental de la parentalité proximale est l'accent mis sur la proximité physique. Cela se retrouve souvent dans le fait de porter bébé, le co-dodo, ou le simple fait de maintenir une proximité physique pendant les moments de jeu ou de repos. Cette proximité permet non seulement de répondre aux besoins sensoriels de l'enfant, mais aussi de renforcer le lien affectif. Le portage, par exemple, offre à l’enfant la sécurité du contact direct avec son parent, tout en favorisant une meilleure régulation de ses émotions. De nombreuses recherches ont démontré les bienfaits du portage: notamment une meilleure régulation du rythme cardiaque et de la respiration chez les bébés, une réduction du stress, ainsi qu'une plus grande capacité d'adaptation aux situations nouvelles. Tous les enfants n'aiment pas être portés (Par exemple des bébés avec RGO, qui auraient tendance à se cambrer), rester à l'écoute de l'enfant, c'est donc avant tout s'adapter à lui. Le co-dodo renforce également l'attachement et permet une réponse rapide aux besoins nocturnes de l’enfant, favorisant ainsi un sommeil plus serein pour les deux parties (dans l'idéal bien-sûr). L'allaitement non-ecourté, en plus des bienfaits en terme de santé physique pour la maman et le bébé, favorise le lien d'attachement et permet de rassurer bébé.
La communication non-verbale occupe également une place prépondérante. Les enfants, surtout au début de leur vie, ne comprennent pas le langage verbal de manière immédiate. Cependant, les recherches en psychologie infantile ont montré que les nourrissons et jeunes enfants sont extrêmement sensibles aux signaux corporels, aux intonations de la voix et aux gestes des adultes. Par conséquent, les parents qui adoptent cette approche privilégient une communication respectueuse des besoins (non exprimés verbalement) de l’enfant.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la parentalité proximale ne signifie pas une parentalité "fusionnelle" ou surprotectrice. Au même titre qu'une éducation bienveillante ne signifie pas une éducation laxiste. Au contraire, elle facilite une autonomie future. En répondant aux besoins fondamentaux de l'enfant, le parent lui donne la possibilité de développer une autonomie émotionnelle plus forte. Les enfants élevés dans un environnement de proximité et de confiance ont tendance à développer une plus grande sécurité intérieure.
Les bienfaits de cette approche se manifestent bien au-delà de la petite enfance : tout au long du développement de l'enfant. Selon les recherches, ces derniers sont souvent plus capables de gérer leurs émotions, d’établir des relations saines avec leurs pairs et adultes de référence, et d’adopter un comportement prosocial. Les adultes ayant grandi dans cette atmosphère sont également plus susceptibles de développer des compétences relationnelles solides, ainsi qu’une vision positive du monde et des autres.
Selon moi, la parentalité proximale nous invite à repenser la manière dont nous percevons l’éducation : comme un espace mutuellement respectueux, pour l’enfant et le parent. Il va donc de soi qu'à plus grande échelle, la bienveillance offerte à l'enfant devrait l'être au parent aussi. Bon nombre de parents se mettent trop la pression, et en oublie que les enfants ont avant tout besoin de parents épanouis. Si je n'avais qu'un conseil à donner aux (jeunes) parents, ce serait : "écoutez-vous, faites les choses en conscience".
Anne-France Dinant
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Quelques biais cognitifs
- Le 31/03/2025
- Dans Articles
Comment notre cerveau nous trompe?
Notre cerveau est une machine incroyablement puissante, mais il n’est pas infaillible. Pour traiter rapidement les informations, il utilise des raccourcis mentaux appelés biais cognitifs. Ces biais influencent notre perception, nos décisions et nos comportements souvent sans que nous en ayons conscience. S’ils peuvent être utiles dans certaines situations, ils sont aussi à l’origine de nombreux jugements erronés et erreurs de raisonnement.
Dans cet article, nous explorerons les principaux biais cognitifs, leurs effets sur notre quotidien et comment les reconnaître pour mieux les éviter.
Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
Un biais cognitif est une distorsion systématique du traitement de l’information qui influence nos décisions et nos jugements. Il résulte de la manière dont notre cerveau simplifie la réalité pour gérer rapidement des informations complexes. Les biais sont particulièrement présents en situation de stress ou d’incertitude (prise de décision rapide), quand nous avons trop d’informations à traiter (surcharge cognitive) ou dans les relations interpersonnelles (jugements sur autrui, stéréotypes). Ils affectent tout le monde, même les experts et les scientifiques. L’important est de les identifier pour limiter leur impact.
Les principaux biais et leurs effets:
Il existe des dizaines de biais cognitifs, mais voici quelques-uns des plus influents dans la vie quotidienne et en psychologie.
Biais liés à la mémoire et aux perceptions:
Biais de confirmation : nous avons tendance à rechercher et interpréter les informations d’une manière qui confirme nos croyances existantes, tout en ignorant celles qui les contredisent.
Exemple : une personne convaincue que "les jeunes d’aujourd’hui ne respectent rien" remarquera uniquement les comportements impolis et ignorera ceux qui sont respectueux.
Effet de primauté et de récence : nous retenons mieux les premières et dernières informations d’une liste ou d’un discours.
Exemple : en entretien d’embauche, un candidat qui fait une excellente première impression sera jugé plus favorablement, même s’il a ensuite des moments d’hésitation.
Illusion de fréquence (ou effet Baader-Meinhof) : lorsqu’on découvre une nouvelle information, on a l’impression qu’elle apparaît partout autour de nous.
Exemple : après avoir acheté une voiture rouge, on a l’impression de voir des voitures rouges partout.
Biais affectant nos jugements sociaux:
Biais d’attribution fondamentale : nous avons tendance à expliquer les comportements des autres par leur personnalité plutôt que par la situation.
Exemple : si quelqu’un nous coupe la route, nous pensons "il est agressif", plutôt que "il est peut-être pressé pour une urgence".
Effet de halo : une caractéristique positive ou négative influence notre perception globale d’une personne.
Exemple : une personne physiquement attirante est souvent perçue comme plus compétente et gentille (même sans preuve).
Biais d’auto-complaisance : nous attribuons nos succès à nos qualités personnelles et nos échecs à des facteurs extérieurs.
Exemple : "j’ai réussi mon examen car je suis intelligent", mais "j’ai échoué car l’examen était trop difficile".
Biais liés à la prise de décision :Biais de disponibilité : nous évaluons la probabilité d’un événement en fonction de sa facilité à être rappelé en mémoire.
Exemple : après avoir vu plusieurs reportages sur des accidents d’avion, on surestime leur fréquence, alors qu’ils restent très rares.
Effet de cadrage : notre décision change selon la manière dont une information est présentée.
Exemple : un médicament est jugé plus efficace si on dit "il a 90 % de succès" plutôt que "il échoue dans 10 % des cas".
Biais du coût irrécupérable : nous continuons un projet coûteux (temps, argent, énergie) simplement parce qu’on y a déjà investi, même s’il serait plus rationnel d’abandonner.
Exemple : rester dans une relation toxique parce que "ça fait déjà 5 ans qu’on est ensemble".
Biais influençant notre confiance en nous :
Effet Dunning-Kruger : les personnes les moins compétentes dans un domaine surestiment souvent leur expertise, alors que les plus compétentes doutent davantage.
Exemple : un débutant en bourse se sent confiant et prend des risques inconsidérés, alors qu’un expert connaît la complexité du marché et reste prudent.
Illusion de contrôle : nous croyons avoir plus de contrôle sur une situation que nous n’en avons réellement.
Exemple : penser qu’appuyer plusieurs fois sur le bouton d’un ascenseur le fera arriver plus vite.
Comment réduire leur impact ?
Bien que les biais cognitifs soient naturels, il est possible de les reconnaître et de les limiter pour prendre de "meilleures décisions".
Prendre conscience de nos biais : la première étape est de les connaître et d’observer quand ils influencent nos jugements.
Prendre du recul avant une décision : ne pas se fier à la première impression, envisager des alternatives.
Se méfier des émotions fortes : nos émotions amplifient les biais (ex. peur, colère). Attendre avant d’agir peut aider à mieux réfléchir.
Varier ses sources d’information : lire différents points de vue, parler avec des personnes ayant d’autres opinions pour éviter le biais de confirmation.
Se poser des questions critiques : "ai-je toutes les informations ?", "Si quelqu’un d’autre regardait cette situation, que penserait-il ?" ,"Et si je me trompais ?"
Les biais cognitifs sont inévitables, mais en les comprenant, nous pouvons améliorer notre prise de décision et notre esprit critique.
Alors, quel biais avez-vous déjà repéré chez vous aujourd’hui ?
Anne-France Dinant
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Les consultation en ligne : une solution efficace et accessible.
- Le 31/03/2025
- Dans Articles
Dans notre société moderne, de plus en plus de personnes se tournent vers des solutions numériques pour répondre à leurs besoins de santé, et cela inclut également la santé mentale. Les consultations psychologiques en ligne ont émergé comme une alternative pratique et accessible aux consultations traditionnelles en face à face. Si vous vous demandez si cela peut réellement être aussi efficace, cet article vous guidera à travers les avantages des consultations psychologiques en ligne, les études qui en attestent l'efficacité, ainsi que des raisons pour lesquelles cela pourrait être la meilleure option pour vous.
Pourquoi choisir une consultation psychologique en ligne ?
Les consultations psychologiques en ligne, également appelées téléconsultations, permettent de suivre des séances de thérapie à distance, via des plateformes sécurisées et confidentielles.
Cette approche présente plusieurs avantages indéniables :
1. Accessibilité géographique et flexibilité horaire
Que vous viviez dans une grande ville ou dans une zone plus isolée, les consultations psychologiques en ligne vous offrent l’opportunité de rencontrer un professionnel de santé mentale sans avoir à vous déplacer. Cela peut être particulièrement bénéfique pour les personnes vivant dans des régions où l'accès à des psychologues ou à des thérapeutes est limité. Les personnes à mobilité réduite y trouve également leur compte. De plus, la possibilité de choisir des créneaux horaires flexibles facilite l’organisation des séances en fonction de votre emploi du temps. Vous n'êtes plus contraint par les horaires rigides d’un cabinet physique. Certaines personnes profitent de leur temps de midi ou d'une pause pour consulter.
2. Confort, discrétion et anonymat
Les plateformes utilisées pour les consultations en ligne sont généralement sécurisées, garantissant la confidentialité de vos échanges. De plus, si vous ressentez une gêne à l'idée de rencontrer un thérapeute en personne, la consultation à distance vous permet de vous sentir plus à l’aise tout en ayant accès à un accompagnement professionnel de qualité. Beaucoup de personnes hésitent à consulter un psychologue par peur du jugement ou du regard des autres. En optant pour une consultation en ligne, vous bénéficiez de l'anonymat, ce qui peut vous permettre de vous ouvrir plus facilement et de discuter de vos préoccupations sans crainte d'être jugé. Le confort de votre propre espace peut aussi favoriser une ambiance propice à l’expression libre et à la détente pendant la séance.
3. Économies de temps et d'argent
Les consultations psychologiques en ligne vous permettent d’éviter les déplacements et les frais associés (transport, parking, etc.). Vous pouvez consulter un professionnel de santé mentale depuis chez vous, en quelques clics, ce qui simplifie le processus et vous fait gagner un temps précieux.
L’efficacité des consultations psychologiques en ligne :
Ce que disent les études:
L’un des principaux questionnements concernant la téléconsultation psychologique est son efficacité comparée à celle des séances en présentiel. Plusieurs études ont été menées pour examiner l’impact des consultations à distance sur la santé mentale des patients.
Une étude menée par l’Université de York en Grande-Bretagne a révélé que les consultations psychologiques en ligne, comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), étaient aussi efficaces que les séances en face à face pour traiter des troubles comme l'anxiété et la dépression. Les résultats ont montré une amélioration significative du bien-être des patients, avec une réduction des symptômes d’anxiété et de dépression après plusieurs sessions en ligne.
Une revue de la littérature publiée dans la revue Psychological Medicine en 2018 a conclu que la thérapie en ligne est une méthode efficace pour traiter des troubles variés tels que la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique, et bien d'autres. L’étude a également montré que les patients en ligne avaient tendance à s’engager davantage dans les thérapies, notamment en raison de la flexibilité et de l’aspect pratique de ce mode de consultation.
Des recherches ont aussi révélé que les effets bénéfiques de la psychothérapie en ligne se maintiennent sur le long terme. Une étude publiée dans The Lancet Psychiatry en 2020 a comparé l'efficacité de la thérapie en ligne et des séances traditionnelles en face à face pour les patients souffrant de troubles anxieux. Les chercheurs ont constaté que les patients ayant suivi des séances en ligne avaient connu une amélioration significative de leurs symptômes, et ce, jusqu'à six mois après la fin du traitement.
Comment se déroule une consultation psychologique en ligne ?
Une consultation psychologique en ligne se déroule de manière similaire à une consultation traditionnelle en cabinet.
En règle générale, le processus suit les étapes suivantes :
- Prise de rdv : contact et planification de la séance.
- Réglement : celui-ci se fait min 48h avant la séance via compte bancaire ou compte paypal.
- Séance : le jour du rendez-vous, vous vous connectez à la plateforme de téléconsultation à l’heure convenue ou vous appelez s'il s'agit d'une consultation via téléphone. La session dure 45 minutes, tout comme une consultation en cabinet. Celle-ci est remboursable par votre mutuelle via les mêmes modalités qu'en présentiel.
- Suivi : à la fin de la séance, il vous sera demandé si vous souhaitez reprendre rdv. Les autres RDV suivent le même schéma.
Anne-France Dinant
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Les neurotransmetteurs : messagers chimiques du cerveau
- Le 27/03/2025
- Dans Articles
L’action des neurotransmetteurs (des molécules chimiques qui assurent la communication entre les neurones) est essentiel pour comprendre le fonctionnement du cerveau. Ces substances influencent non seulement nos pensées et nos comportements, mais aussi nos émotions, notre motivation et notre bien-être.
En psychologie, cette connaissance permet d’affiner l’accompagnement des patients, notamment dans les troubles de l’humeur, l’anxiété, etc.
Comment fonctionnent les neurotransmetteurs ?
Les neurones communiquent entre eux via des synapses (des espaces où les signaux électriques sont convertis en signaux chimiques). Lorsqu’un influx nerveux atteint l’extrémité d’un neurone (le bouton synaptique), des neurotransmetteurs sont libérés dans l’espace synaptique et se lient à des récepteurs situés sur le neurone suivant. Ce processus peut soit : exciter le neurone postsynaptique (favorisant la transmission du signal nerveux) ou inhiber son activité (ralentissant ou stoppant le signal). Une régulation fine de ces messagers chimiques est essentielle pour l’équilibre cognitif et émotionnel. En effet, un déséquilibre peut être impliqué dans divers troubles psychologiques et psychiatriques.
En voici quelques uns :
La dopamine : elle est souvent associée au plaisir, à la motivation et à la récompense. Elle joue un rôle central dans l'apprentissage et les comportements adaptatifs. Rôle principal : renforcement positif, motivation, régulation de l’humeur. Excès : impulsivité, comportements addictifs, schizophrénie. Déficit : apathie, dépression, maladie de Parkinson. Certaines approches thérapeutiques, comme les thérapies comportementales, visent à stimuler la dopamine par des renforçateurs positifs et des activités gratifiantes.
La sérotonine : elle est un régulateur clé de l’humeur, du sommeil et de l’appétit. Rôle principal : sensation de bien-être, régulation des émotions, réduction de l’anxiété. Déficit : troubles de l’humeur (dépression), anxiété, impulsivité, insomnie. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) sont couramment prescrits pour la dépression et l’anxiété généralisée. La stimulation naturelle de la sérotonine peut se faire via l’exposition à la lumière, l’activité physique et la méditation.
La noradrénaline : elle est impliquée dans la réponse au stress et la vigilance. Elle prépare le corps à réagir face à une menace. Rôle principal : modulation de l’attention, réponse au stress, augmentation de l’énergie. Excès : hypervigilance, anxiété, troubles paniques. Déficit : fatigue, manque de motivation, dépression. Elle est ciblée par certains antidépresseurs comme les inhibiteurs de la recapture de la noradrénaline (IRN).
L'acide gamma-aminobutyrique (GABA) : il est le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. Il joue un rôle clé dans la réduction de l’excitabilité neuronale. Rôle principal : relaxation, réduction de l’anxiété, inhibition de l’hyperactivité cérébrale. Déficit : anxiété, insomnie, épilepsie. Les benzodiazépines agissent en renforçant l’effet du GABA, mais présentent des risques de dépendance. Des approches naturelles comme la méditation ou la respiration lente favorisent l’activation de ce neurotransmetteur.
Le glutamate : il est le principal neurotransmetteur excitateur du cerveau. Il est impliqué dans l’apprentissage et la mémoire. Rôle principal : consolidation des souvenirs, plasticité cérébrale, transmission rapide de l’information. Excès : hyperexcitation neuronale, troubles bipolaires, neurotoxicité. Déficit : troubles cognitifs, maladies neurodégénératives.
L'acétylcholine : elle est impliquée dans les fonctions cognitives et la régulation du système nerveux autonome. Rôle principal : mémoire, concentration, mouvement musculaire. Déficit : déclin cognitif, maladie d’Alzheimer. Certains médicaments ciblent l’acétylcholine pour ralentir la progression des troubles neurodégénératifs.
Anne-France Dinant
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Quelques infos sur le système nerveux
- Le 27/03/2025
- Dans Articles
Le système nerveux joue un rôle fondamental dans la régulation des processus physiologiques et psychologiques. Connaitre un minimum son fonctionnement me semble donc essentiel pour comprendre ce qui se passe dans le corps. Il se divise en 2 grandes branches : le système nerveux central (SNC, comprenant le cerveau et la moelle épinière) et le système nerveux périphérique (SNP, qui assure la communication entre le SNC et le reste du corps).
Le système nerveux autonome (SNA) est une composante du SNP qui contrôle les fonctions involontaires du corps. Il se divise en 3 branches principales :
- Le système nerveux sympathique (SNS): il est associé à la réaction de lutte ou fuite (fight or flight). Il est responsable de l’augmentation de la fréquence cardiaque, de la dilatation des pupilles et de l'inhibition des fonctions digestives en réponse au stress ou à une menace perçue.
- Le système nerveux parasympathique (SNPs) : il favorise la récupération et la détente (rest and digest). Il ralentit la fréquence cardiaque, stimule la digestion et favorise l’état de relaxation.
- Le système nerveux entérique : il régule indépendamment une grande partie du système digestif, bien qu’il soit influencé par les branches sympathique et parasympathique.
=> L’équilibre entre le SNS et le SNPs est essentiel pour une bonne régulation émotionnelle et physiologique. Un déséquilibre, notamment une hyperactivation du SNS, est souvent observé chez les patients souffrant d’anxiété, de stress chronique ou de trouble de stress post-traumatique.
Le nerf vague est la principale voie efférente du système parasympathique. Il innerve divers organes, dont le cœur, les poumons et le système digestif, et joue un rôle clé dans la régulation du système nerveux autonome. Son action est bidirectionnelle :
- Efférente (du cerveau vers les organes) : modulation de la fréquence cardiaque, de la respiration et des fonctions digestives.
- Afférente (des organes vers le cerveau) : transmission des signaux internes au tronc cérébral, influençant l’état émotionnel et la perception de sécurité.
Le tonus vagal, mesuré par la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC), est un indicateur de la capacité d’un individu à réguler ses émotions et à s’adapter aux stress environnementaux. => Une VFC élevée est associée à une meilleure résilience et à un équilibre entre excitation et relaxation.
La théorie polyvagale développée par S. Porges propose une vision évolutive du système nerveux autonome. Selon cette théorie, le nerf vague se divise en 2 branches fonctionnelles distinctes :
- Le nerf vague ventral (myélinisé) : il est responsable de l’engagement social, il favorise un état de sécurité et de connexion. Son activation est associée à des états émotionnels positifs, une communication fluide et une bonne capacité de co-régulation interpersonnelle.
- Le nerf vague dorsal (non myélinisé) : il est impliqué dans les réponses de figement et de dissociation, il s’active en cas de danger extrême, entraînant une hypotonie musculaire, une bradycardie et un état de shutdown physiologique. Chez les personnes ayant vécu un trauma, on observe souvent une dominance du nerf vague dorsal, entraînant des symptômes de dissociation, de fatigue chronique et une difficulté à s’engager socialement.
De nombreuses approches thérapeutiques visent à restaurer un équilibre autonomique et à améliorer le tonus vagal (notamment: la respiration diaphragmantique qui ralentit le rythme cardiaque et active le SNPs via le nerf vague, l'exposition au froid, les vocalisations,...) Le système nerveux, et en particulier le nerf vague, joue un rôle déterminant dans la régulation émotionnelle et la perception de sécurité. En psychothérapie, intégrer des approches favorisant l’équilibre entre le système sympathique et parasympathique permet d’améliorer la résilience, de restaurer la capacité d’engagement social et d’aider les patients à mieux gérer le stress et les traumatismes. Une meilleure compréhension des bases neurophysiologiques de l’émotion ouvre ainsi la voie à une prise en charge plus globale et intégrative du psychisme humain.
Anne-France Dinant
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Conditions d'annulation d'un rendez-vous
- Le 20/09/2022
- Dans Articles
Lapin posé et annulation de dernière minute...
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Le perfectionnisme
- Le 17/05/2022
- Dans Articles
Le perfectionnisme peut être définit comme un schéma cognitif de base qui organise l’information reçue et s’enracine tôt dans la vie en fonction des expériences vécues. Il peut être perçu comme « une croyance erronée qui peut mener à une mauvaise interprétation de l’environnement par l’individu, à des pensées et des émotions négatives et à un comportement autodéfaitiste de l’individu ».
Etre perfectionniste n’est pas un problème en soi. C’est l’excès, la rigidité qui va s’appliquer à tout ce que nous faisons, qui risque de poser problème et au final créer un mal être.
Il existe 3 types de perfectionnisme :
Hewitt et Flett définissent le perfectionnisme comme « un style de personnalité qui serait associé à un grand nombre de difficultés éprouvés tant sur le plan psychologique que dans les relations interpersonnelles ou dans le rapport au succès ».
Ces auteurs distinguent trois sortes :
- Le perfectionnisme orienté vers soi : celui-ci décrit la motivation personnelle à se fixer des standards de réussite élevés, voire inatteignables. Il est négativement lié au manque de confiance en ses aptitudes à réussir.
- Le perfectionnisme orienté vers autrui : il signifie que l’individu a des attentes très élevées envers son entourage. Il affirme sa position de leader. Il mesure souvent mal les conséquences relationnelles d’une telle manifestation de supériorité.
- Le perfectionnisme socialement prescrit : il intervient lorsqu’une personne a l’impression qu’on lui fixe des standards de performance très élevés (parent, professeur, …). On établit alors une équivalence entre être valorisé et être parfait. Celui-ci peut se manifester à travers du choix des études et du métier, des loisirs, du choix vestimentaires, etc.
Ces auteurs ont développé un test : « Children and adolescent perfectionist scale », il évalue deux dimensions du perfectionnisme : le perfectionnisme centré sur soi et le perfectionnisme social.
Les règles qui sous-tendent le plus souvent le perfectionnisme :
Les mêmes scénarii sont rejoués inconsciemment et reposent sur trois règles. Elles forment une boucle : on vise la perfection dans l’idée de s’aimer soi-même (perfectionnisme de valorisation). Ensuite, on tente de se faire aimer des autres (perfectionnisme d’intégration sociale). Lorsqu’on est aimé, on se sent parfait.
- Le perfectionnisme de valorisation : la supposition est que pour avoir une certaine valeur, il faut être parfait, celle-ci est fonction des actes. Les personnes doutent d’elles, et en même temps, ce perfectionnisme a un fond narcissique. Cette règle de vie implique d’être en recherche constante de performance et de défis, ce qui épuise, stresse et tout cela pour une insatisfaction permanente.Si cette règle de vie est trop rigide, elle peut à long terme entraîner des troubles de l’estime de soi, des dépressions chroniques, certaines anorexies mentales ou un alcoolisme et surtout le stress ou le burn-out.
- Le perfectionnisme d’intégration (ou d’acceptation) : la personne qui souffre de ce type de perfectionnisme n’est pas naturelle avec les autres et ne transmet pas ses émotions. Ce que les autres peuvent penser est très important. Elle a peur d’être rejetée et contrôle donc ses paroles. Influencée par cette pensée qu’il faut être parfait pour être acceptée, elle adopte un comportement d’approbation et de perfection dans les relations sociales. Elle ressent de l’angoisse, de l’inquiétude, ne ressent pas de sécurité par rapport à sa place dans un groupe. Cette règle de vie peut à long terme entraîner des comportements de dépendance affective, d’assujetissement à l’autre et augmenter le manque de confiance en soi.
- Le perfectionnisme de contrôle : il s’agit ici d’être parfait pour faire face aux aléas de la vie. L’imprévu est effrayant et la personne prépare, anticipe les événements. Elle fait beaucoup les choses par elle-même. Elle stresse, a peur de ne pas avoir le temps de tout faire, ou de mal le faire. Elle est dans le contrôle. Les principales complications de cette règle de vie sont représentées par le trouble anxieux généralisé. Les personnes passent beaucoup de temps à organiser, prévoir les choses. Elles sont souvent surmenées.
Certaines distorsions cognitives peuvent être retrouvées dans le perfectionnisme :
Premièrement, la personne a tendance à minimiser ou ne pas reconnaître les aspects positifs de son comportement. Elle se trouve toujours dans une situation où elle n’a pas obtenu ce qu’elle désirait. Si elle réussit, son succès est alors banalisé et elle n’en tire pas de plaisir. Si elle ne réussit pas, elle est frustrée et s’en demandera encore plus lors de la prochaine expérience.
Aussi, elle dramatise l'importance que revêtirait une erreur si elle en commettait une, et alors, au lieu de parler d’un travail imparfait, elle parlera d’un travail raté. Cela rejoint sa façon de pensée dichotomique. Tout doit être parfait, sinon c’est le rejet et l’échec.
Elle a un sens exagéré de l'obligation qui se manifeste dans ses pensées automatiques et ses verbalisations sous la forme d'affirmations telles que « il faut ».
Enfin, elle a également tendance à généraliser à outrance à partir des erreurs qu'elle fait. Selon elle, si elle fait une erreur à un moment donné, elle en fera forcément toujours.
Le perfectionniste entre dans un système de dépendance à ses actions et aux autres, il doit travailler tous les jours à être quelqu’un de bien (à ses yeux). Sa confiance en soi est conditionnelle : sa valeur dépend de ce qu’il produit, de la manière dont les autres le voient, de ses réussites, …. Il est nécessaire pour un bien-être, de trouver un équilibre entre la confiance en soi inconditionnelle et la confiance en soi conditionnelle. Et ainsi de pouvoir penser que l’on est un être avec des qualités, mais aussi des défauts. La confiance en soi inconditionnelle a été donnée en général précocement par la famille, c’est elle qui sous-tend l’estime de soi.
Ces façons d'interpréter les choses mènent à des symptômes d'anxiété.
Voyons plus précisément comment se manifeste le perfectionnisme au quotidien :
Au niveau du comportement:
✓ L’hyperactivité : être toujours en mouvement, en projet.
✓ La pression temporelle : ne pas avoir le temps, être toujours en retard, il reste toujours quelque chose à faire. Mauvaise maîtrise du temps.
✓ La procrastination : la gestion du temps et de la quantité de travail par journée est mauvaise. Le travail est donc reporté au lendemain.
✓ Le plaisir : le plaisir est inconnu. Les tâches rébarbatives sont faites en premier.
✓ L’impatience émotionnelle et relationnelle : impossibilité de rester sans rien faire, cela ferait ressentir un vide et de l’angoisse.
✓ L’anticipation permanente : vivre en imaginant les problèmes futurs potentiels.
✓ La difficulté à déléguer : ne pas faire confiance à l’autre dans la réalisation d’une tâche.
✓ Le manque de repos : la détente n’est pas au programme.
✓ La vérification en détail : l’insécurité est une constante et elle s’accompagne de com-portement qui frôlent la compulsion.
✓ Ne prend pas le temps de profiter de la vie, des gains : aussitôt un défi accompli, un autre est déjà en tête.
✓ Les règles et les structures : elles manquent de souplesse. Certains possèdent des normes sociales et éthiques très élevées
✓ Des atermoiements: les longues hésitations avant de prendre une décision.
✓ L’implication démesurée : il ne sait pas où s’arrêter, quand une tâche est terminée. Il relit, retravaille, perd du temps.
Au niveau des émotions:
✓ L’insatisfaction est le problème principal. Celle-ci se renvoyant vers la personne elle-même : elle n’a pas d’admiration envers elle-même, n’est jamais assez ceci ou cela. (Un 17/20, laisse 3 points qui n’ont pas été obtenus et qui auraient du l’être). Et aussi vers les autres : ils ne font jamais assez bien.
✓ Le déficit en plaisir et la compétition : dès qu’une activité devient agréable, une compétition démarre pour être le meilleur dans celle-ci. Les attentes deviennent trop élevées et le stress finit par enlever le plaisir.
✓ Le vide : il doit être rempli, il est angoissant. Une nouvelle activité doit commencer .
Au niveau des pensées:
✓ La productivité : la valeur des actes est confondue avec la valeur de la personne. C’est « l’estime de soi conditionnée à la productivité ». Aussi, il lui arrive de sous-entendre des choses qui n’existent pas. Par exemple, « les autres ont une maison en ordre », il se démotive alors et culpabilise si la sienne ne l’est pas. Ainsi, lui, constate son incompétence tous les jours… Une autre personne ne remettrait pas en cause son estime de soi ou sa compétence parce que son chez-soi n’est pas rangé.
✓ Le regard de l’autre : si la valeur de la personne dépend de ses actes, elle dépend aussi des autres, de ceux-là même qui jugent les actes. L’opinion de chaque personne est importante. « Rien n’empêche tant d’être naturel, que l’envie de paraître ». Il pense aussi rapidement qu’un autre a vu son erreur donc va le juger, il fait une inférence arbitraire.
→ Le fait de fonctionner dans l’évaluation permanente de ce que pensent les autres, et dans le jugement de sa personne correspond au syndrome de la double performance.
✓ L’abandon pour cause d’imperfections : leur place n’est jamais acquise, ils doivent la mériter et travailler sur leurs performances pour se faire accepter par les autres.
✓ La focalisation sur les détails : dès qu’il repère une erreur, il ne sait pas en faire abstraction. Ainsi, un détail est extrait d’un ensemble satisfaisant, c’est l’abstraction sélective.
✓ Des attentes très élevées : envers eux et envers les autres. Atteindre des objectifs élevés est le moyen de répondre à son besoin de reconnaissance et d’estime. Il a peur de ne plus être aimé s’il n’est pas excellent. Il trouve la récompense dans l’appréciation de l’autre, et non dans celle qu’il peut tirer lui-même de son action.
✓ La généralisation : les imperfections sont généralisées : « c’est toujours la même chose ». La personne ne reste pas précise dans son autocritique, elle ne juge pas son erreur présente mais aussi toutes les précédentes en généralisant.
✓ La dichotomie : tout ou rien. Soit je suis génial, soit je suis nul.
Au niveau des relations:
✓ Les relations intimes : les personnes choisies sont souvent perfectionnistes également, ou au moins exigeantes. En couple, le risque est que la personne perfectionniste n’écoute pas les compliments du conjoint, mais remarque le négatif, les petites remarques. A force, le conjoint ne fait plus l’effort car il ne se sent pas entendu.
✓ Les relations avec les enfants : ils peuvent être désirés sans faille et penser qu’ils ne seront jamais à la hauteur.
✓ Les relations avec les parents : les parents peuvent être idéalisés, demandeurs d’excellence.
✓ Les relations sociales : celles-ci ne sont pas nombreuses. Le jeu a un attrait performant et non ludique.Anne-France Dinant
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La végéphobie
- Le 16/05/2022
- Dans Articles
La végéphobie est la négation de la possibilité du végétarisme. Voyons plus en détails...
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L'antispécisme
- Le 16/05/2022
- Dans Articles
Suite à mon article sur la satisfaction décrite par les vegans, je souhaitais préciser un terme utilisé : "l'antispécisme".
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Suivi en ligne
- Le 16/05/2022
- Dans Articles
Le moyen de consulter lorsque vous ne résidez pas tout près, lorsque vous préférez rester chez vous, ou autre :-).
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Le véganisme : la satisfaction.
- Le 16/05/2022
- Dans Articles
Sujet bien plus actuel actuellement, en 2013, la littérature sur le sujet était encore rare et peu de gens connaissaient ne serait-ce que le terme "vegan". Celui-ci n'étant même pas encore dans le dictionnaire.
J'ai décidé de partager quelques passages de ma recherche sur le sujet:
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Le faux-self
- Le 03/04/2021
- Dans Articles
...en particulier chez l'enfant à hauts potentiels.
Lorsqu’un enfant s’adapte de manière forcée à son environnement, il accélère la maturation de son développement. Si l’écart entre ce qu’il trouve et ce qu’il attend ne dépasse pas ses capacités d’adaptation, alors l’intégration peut s’effectuer et l’enfant va pouvoir s’approprier ses potentiels et découvrir des solutions personnelles.
Si, au détriment de son propre rythme, l’enfant doit nécessairement trop s’adapter aux désirs de l’environnement, un conflit entre ses besoins internes et la réalité se développe.
Deux solutions se présentent à l’enfant : développer des symptômes de mal-être ou se suradapter et accélérer la maturation de son développement. C’est ce dernier mécanisme que Winicott a appelé « le faux-self ». Dans le cas d'un faux self établi chez une personne avec un potentiel intellectuel important, le faux self a tendance à siéger dans l’esprit. L’individu est en souffrance, même si cela ne se voit pas toujours. Il est possible que cette souffrance s’accroisse plus la réussite académique et sociale sera avérée, avec un sentiment de « fausseté » apparente.
Le faux self a une fonction positive nécessaire : l'adaptation et la protection du vrai self. C’est donc le déséquilibre des rapports entre les deux « self », une scission trop importante, qui peut induire et indiquer un état pathologique. Ainsi, chez certains enfants, le faux self va prendre toute la place en grandissant. Ils peuvent devenir brillants et recevoir les encouragements, l’admiration, mais se sentir de plus en plus seuls, vides et malheureux. Les conséquences de ce faux self sont un perfectionnisme, le déni de leurs émotions, des relations humaines empreintes de culpabilité ou de honte, des pulsions agressives, ou encore une dépression. ll arrive un moment où les tensions entre le vrai et le faux self deviennent trop fortes. Un processus d’autodestruction peut alors s’exprimer de diverses manières : affections psychosomatiques, auto-mutilations, etc.
Restreindre son faux self et retrouver son vrai moi donne un sentiment de sécurité et un apaisement.
Sebire & Stanilewicz (2018) appelle « le syndrome de l’albatros » le fait que certains enfants renoncent à leur intelligence pour se sentir comme les autres.
Anne-France Dinant
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Le syndrome de l'imposteur
- Le 03/04/2021
- Dans Articles
Ce phénomène de l’imposteur a été découvert et identifié par Clance en 1985.
Il s’agit d’une personne qui a l’impression de tromper son entourage, qui croit ne pas être à la hauteur, qui craint d’être un jour démasquée en se considérant incompétente malgré ses capacités et ses succès (mauvaise attribution). Ces trois caractéristiques constituent les aspects centraux du syndrome de l’imposteur. Cette impression peut toucher tant les hommes que les femmes, et se manifester dans tous les domaines : les compétences sociales, l’apparence physique, les activités sportives ou les loisirs, la scolarité, etc.
Ce syndrome reflète un profond manque de confiance en soi, d’estime de soi et d’acceptation de soi.
Le syndrome trouve son origine dans :
- la tendance innée à se comparer aux autres, liée à un fort besoin d’approbation ;
- l’apprentissage de messages durant l’enfance.
Certains types de dynamiques familiale et environnementale sont retrouvées:
- la valorisation de l’intelligence et la performance et les appréciations contradictoires (« waw tu as couru très vite », « tu as quand-même eu 4 fautes à ton devoir… ») ;
- l’enfant est perçu comme différent (« il faudrait plutôt faire comme une telle ») ;
- le manque de reconnaissance des réussites (« 16/20, tu aurais pu faire mieux »).
Les messages véhiculés vont progressivement prendre l’apparence de commandements (exemples : tu es différente je ; ne sais pas si tu es douée ; tu seras comparée, …). Les identifier va permettre de pouvoir travailler dessus et les relativiser. L’acceptation de soi est conditionnelle, il faut travailler à ce qu’elle devienne inconditionnelle en changeant leurs croyances.
Le jeune qui a développé la croyance erronée « je suis intelligent, je n’ai pas à travailler » semble davantage sujet à l’échec ; et est plus tenté de développé un sentiment d’imposture.
Il existe plusieurs paradoxes dans ce sentiment :
- quand on a trouvé une certaine place au milieu des autres, on a alors changé une émotion (la tristesse que personne ne me remarque) par une autre (l’inquiétude, « on m’a remarqué ») qui débouche sur la peur d’être démasqué.
- la peur de l’échec, mais de la réussite également.
Sebire & Stanilewicz (2018) classe le syndrome de l’imposteur parmi les conséquences que le haut potentiel peut avoir. Un autre profil possible est le faux self. Il arrive qu’une personne ne se donne plus le droit d’être elle-même, par peur d’être rejetée. Malgré ses réussites, elle ne trouve pas de place et a le sentiment d’être prise pour ce qu’elle n’est pas. Elle ressent un sentiment de vide et d’imposture. Elle développe alors un faux-self. Ce concept sera expliqué dans un prochain article :-).
Anne-France Dinant