Quelques biais cognitifs

 

Comment notre cerveau nous trompe?

imageNotre cerveau est une machine incroyablement puissante, mais il n’est pas infaillible. Pour traiter rapidement les informations, il utilise des raccourcis mentaux appelés biais cognitifs. Ces biais influencent notre perception, nos décisions et nos comportements souvent sans que nous en ayons conscience. S’ils peuvent être utiles dans certaines situations, ils sont aussi à l’origine de nombreux jugements erronés et erreurs de raisonnement.

Dans cet article, nous explorerons les principaux biais cognitifs, leurs effets sur notre quotidien et comment les reconnaître pour mieux les éviter.

 Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?

Un biais cognitif est une distorsion systématique du traitement de l’information qui influence nos décisions et nos jugements. Il résulte de la manière dont notre cerveau simplifie la réalité pour gérer rapidement des informations complexes. Les biais sont particulièrement présents en situation de stress ou d’incertitude (prise de décision rapide), quand nous avons trop d’informations à traiter (surcharge cognitive) ou dans les relations interpersonnelles (jugements sur autrui, stéréotypes). Ils affectent tout le monde, même les experts et les scientifiques. L’important est de les identifier pour limiter leur impact.

 Les principaux biais et leurs effets:

Il existe des dizaines de biais cognitifs, mais voici quelques-uns des plus influents dans la vie quotidienne et en psychologie.

Biais liés à la mémoire et aux perceptions:

Biais de confirmation : nous avons tendance à rechercher et interpréter les informations d’une manière qui confirme nos croyances existantes, tout en ignorant celles qui les contredisent.

➡️ Exemple : une personne convaincue que "les jeunes d’aujourd’hui ne respectent rien" remarquera uniquement les comportements impolis et ignorera ceux qui sont respectueux.

Effet de primauté et de récence : nous retenons mieux les premières et dernières informations d’une liste ou d’un discours.

➡️ Exemple : en entretien d’embauche, un candidat qui fait une excellente première impression sera jugé plus favorablement, même s’il a ensuite des moments d’hésitation.

Illusion de fréquence (ou effet Baader-Meinhof) : lorsqu’on découvre une nouvelle information, on a l’impression qu’elle apparaît partout autour de nous.

➡️ Exemple : après avoir acheté une voiture rouge, on a l’impression de voir des voitures rouges partout.

Biais affectant nos jugements sociaux:

Biais d’attribution fondamentale : nous avons tendance à expliquer les comportements des autres par leur personnalité plutôt que par la situation.

➡️ Exemple : si quelqu’un nous coupe la route, nous pensons "il est agressif", plutôt que "il est peut-être pressé pour une urgence".

Effet de halo : une caractéristique positive ou négative influence notre perception globale d’une personne.

➡️ Exemple : une personne physiquement attirante est souvent perçue comme plus compétente et gentille (même sans preuve).

Biais d’auto-complaisance : nous attribuons nos succès à nos qualités personnelles et nos échecs à des facteurs extérieurs.

➡️ Exemple : "j’ai réussi mon examen car je suis intelligent", mais "j’ai échoué car l’examen était trop difficile".



Biais liés à la prise de décision :

Biais de disponibilité : nous évaluons la probabilité d’un événement en fonction de sa facilité à être rappelé en mémoire.

➡️ Exemple : après avoir vu plusieurs reportages sur des accidents d’avion, on surestime leur fréquence, alors qu’ils restent très rares.

Effet de cadrage : notre décision change selon la manière dont une information est présentée.

➡️ Exemple : un médicament est jugé plus efficace si on dit "il a 90 % de succès" plutôt que "il échoue dans 10 % des cas".

Biais du coût irrécupérable : nous continuons un projet coûteux (temps, argent, énergie) simplement parce qu’on y a déjà investi, même s’il serait plus rationnel d’abandonner.

➡️ Exemple : rester dans une relation toxique parce que "ça fait déjà 5 ans qu’on est ensemble".

Biais influençant notre confiance en nous :

Effet Dunning-Kruger : les personnes les moins compétentes dans un domaine surestiment souvent leur expertise, alors que les plus compétentes doutent davantage.

➡️ Exemple : un débutant en bourse se sent confiant et prend des risques inconsidérés, alors qu’un expert connaît la complexité du marché et reste prudent.

Illusion de contrôle : nous croyons avoir plus de contrôle sur une situation que nous n’en avons réellement.

➡️ Exemple : penser qu’appuyer plusieurs fois sur le bouton d’un ascenseur le fera arriver plus vite.

 

Comment réduire leur impact ?

Bien que les biais cognitifs soient naturels, il est possible de les reconnaître et de les limiter pour prendre de "meilleures décisions".

✅ Prendre conscience de nos biais : la première étape est de les connaître et d’observer quand ils influencent nos jugements.

✅ Prendre du recul avant une décision : ne pas se fier à la première impression, envisager des alternatives.

✅ Se méfier des émotions fortes : nos émotions amplifient les biais (ex. peur, colère). Attendre avant d’agir peut aider à mieux réfléchir.

✅ Varier ses sources d’information : lire différents points de vue, parler avec des personnes ayant d’autres opinions pour éviter le biais de confirmation.

✅ Se poser des questions critiques : "ai-je toutes les informations ?", "Si quelqu’un d’autre regardait cette situation, que penserait-il ?" ,"Et si je me trompais ?"

Les biais cognitifs sont inévitables, mais en les comprenant, nous pouvons améliorer notre prise de décision et notre esprit critique. 

Alors, quel biais avez-vous déjà repéré chez vous aujourd’hui ?

Anne-France Dinant

 

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