Le microchimérisme

La transmission cellulaire fœto-maternelle 

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Le microchimérisme se définit comme la présence, à très faible abondance (généralement < 1 %), de cellules génétiquement distinctes de l’hôte.

Le terme a été popularisé dans les années 1990 grâce aux travaux de Diana Bianchi, Khosrotehrani, Nelson et leurs collaborateurs.

Les découvertes clés concernent :

  • la longévité des cellules fœtales chez la mère (jusqu’à plus de 50 ans après la grossesse)
  • leur pluripotence potentielle
  • leur rôle ambivalent en pathologie auto-immune, cancérologie et régénération.

 

Le microchimérisme fœto-maternel : des cellules fœtales (notamment CD34+, trophoblastiques ou mésenchymateuses) traversent la barrière placentaire dès la 5e semaine de gestation. Elles migrent vers des organes maternels, y compris le cerveau, les reins, le cœur, la thyroïde et les poumons.

Le microchimérisme materno-fœtal : moins étudié mais bien documenté, des cellules maternelles colonisent le fœtus et ont été retrouvées dans des tissus immunitaires, la peau, le foie, voire le cerveau du fœtus.

Ce phénomène permettrait la régénération tissulaire : les cellules fœtales auraient un rôle réparateur, notamment via des propriétés proches de cellules souches mésenchymateuses.

Il est cependant suspecté dans plusieurs maladies auto-immunes. En effet, certaines (comme la sclérodermie ou le lupus) sont plus fréquentes chez les femmes ayant eu des enfants. Le rôle du microchimérisme dans ces pathologies est débattu. Les cellules étrangères pourraient être perçues comme des intrus, déclenchant des réactions immunitaires.

Concernant les cancers, les données sont également contrastées : certaines études suggèrent que le microchimérisme fœtal diminue l'incidence de certains cancers du sein ou de l'utérus, et d'autres évoquent des risques accrus liés à une inflammation chronique. 

On voit donc que la mère n’est plus seulement psychologiquement "habitée" par l’enfant, elle l’est aussi physiquement au niveau cellulaire. Cela nourrit l'idée d'une inscription corporelle durable de la relation mère-enfant, susceptible de renforcer le lien d'attachement. 

Anne-France

 

 

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