L'anxiété
- Le 17/04/2025
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Cet article explore très brièvement les mécanismes neurobiologiques de l’anxiété, ses effets sur le cerveau, et les pistes thérapeutiques pour mieux la gérer.
Apprivoiser l’anxiété
L’anxiété est l’une des raisons les plus fréquentes de consultation aujourd’hui. Elle touche des personnes de tous âges. C’est un processus complexe, bien enraciné. Et bonne nouvelle : on peut apprendre à l’apprivoiser.
Quand l’alerte se déclenche trop souvent
L’anxiété est avant tout une réaction du système nerveux. C’est un signal d’alerte qui nous prépare à faire face à un danger. Mais quand cette alerte se déclenche trop souvent, ou dans des contextes qui ne présentent pas de menace réelle, elle devient envahissante.
Sur le plan biologique, cela implique notamment :
- l’amygdale cérébrale, qui s’active comme une alarme de fumée (parfois hypersensible). L'amygdale joue un rôle central dans la gestion des émotions, en particulier la peur. Elle est responsable de l'identification rapide des menaces et de l'activation des réponses émotionnelles. Lorsque nous percevons un danger, elle déclenche une réaction physiologique de peur, souvent avant même que nous ayons le temps de réfléchir. Dans le cas de l'anxiété, elle peut devenir hypersensible, réagissant de manière disproportionnée à des stimuli non menaçants.
- le cortex préfrontal, qui tente de réguler cette alarme (mais peut être débordé). Il est impliqué dans la régulation émotionnelle et la prise de décision. Il aide à évaluer les menaces et à déterminer si elles nécessitent une réponse immédiate ou une gestion plus mesurée. En cas de stress chronique ou d'anxiété, le cortex préfrontal peut être moins actif, ce qui réduit la capacité de gestion des émotions et augmente la vulnérabilité à des réactions anxieuses excessives.
- l'hippocampe, quant à lui, est impliqué dans la mémoire et l'apprentissage. Il joue un rôle crucial dans l'évaluation des expériences passées et dans l'atténuation des réponses émotionnelles en fonction des souvenirs. Un dysfonctionnement de l'hippocampe peut empêcher une régulation émotionnelle adéquate et amplifier la réponse anxieuse.
- le système nerveux autonome, qui prépare le corps à l’action (accélération du rythme cardiaque, respiration courte, tension musculaire, digestion ralentie, etc.).
Les personnes anxieuses vivent donc des symptômes physiques : gorge serrée, douleurs, palpitations, sueurs, vertiges, troubles digestifs,... Et cela sans qu’un danger immédiat ne soit visible. L’anxiété, c’est un corps qui crie que quelque chose ne va pas, même si on ne sait pas toujours quoi.
Le cercle vicieux de l’évitement
Quand on est anxieux, il est fréquent d’éviter certaines situations ou pensées qui réveillent cette alerte interne : parler en public, conduire, prendre l’avion, être seul·e, faire des choix… À court terme, cela apaise. Mais à long terme, l’évitement empêche le système de désapprendre sa peur. Chaque fois qu’on évite, on envoie ce message à notre cerveau : “Tu avais raison, c’était dangereux.” C’est ainsi que se construit un cercle vicieux, dans lequel l’anxiété grandit au fil du temps, prenant de plus en plus de place dans la vie quotidienne.
En résumé, l’anxiété est un phénomène complexe qui repose sur des déséquilibres neurobiologiques, notamment une hyperactivité de l’amygdale, une régulation inefficace du cortex préfrontal et des anomalies dans les neurotransmetteurs. Bien que l’anxiété chronique puisse modifier le cerveau, des interventions adaptées permettent de rétablir un équilibre. Thérapie, méditation, activité physique et alimentation jouent un rôle clé dans la régulation de l’anxiété, et des traitements pharmacologiques peuvent être nécessaires dans certains cas. Bonne nouvelle : grâce à la plasticité cérébrale, le cerveau peut toujours se réajuster et retrouver un fonctionnement plus serein !
Anne-France Dinant